Le bronze, matière dure et froide, ne serait pas , sans l' argile, presque vivant, façonné et mis en forme avec tendresse et émotion. Le but de l'artiste est atteint si en effleurant ses statues vous retrouvez sous vos doigts la fragilité du matériau d' origine, vecteur de sa personnalité.
Venue d'un pays plat, pays du vent, des moulins et des tulipes, mais aussi pays de Van Gogh, Jacoline Dubois est tombée en amour comme on dit au Québec, pour la Bretagne.
Et la Bretagne le lui rend bien.
Il n'est qu'à voir les thèmes de prédilection de ses œuvres, peintures ou sculptures.
Tous renvoient ou ont à voir avec la Bretagne, terre d'adoption , terre adoptée, terre adoptante.
C'est que Jacoline Dubois aime ce, celui ou celle (s) qu'elle peint ou sculpte.
Chez elle , le regard passe par le cœur puis la main en est le relais.
Il n'est qu'à la voir travailler, une fois, une seule, pour comprendre la tendresse qui l'anime pour ses sujets : " sans cesse sur le métier, elle remet son ouvrage. "
Et sous sa main agile et infatigable naissent, sous notre regard d'abord sceptique puis progressivement admiratif, ces silhouettes bretonnes, cette trinité enlacée au point de n'être plus qu'un être fondu d'où l'amour émane, ces dames élégantes, évanescentes.
Et reviennent à l'esprit ces vers immortels de Verlaine :
" je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant d'une femme inconnue et que j'aime et qui m'aime. "
ou de Baudelaire " A une passante …oh ! toi que j'eusse aimée, oh! toi qui le savais ".
Jacoline Dubois a trouvé ici, en terre bretonne, dans cette nature âpre et accueillante tout à la fois, un lieu de ressourcement qui révèle une énergie créatrice, longtemps contenue et qui ne demandait tout simplement qu'à être offerte au monde.
Marie-France Lesage
Juillet 2005